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rue crazy, maison des nouvelles
27 avril 2010

Chat échaudé (partie 3 sur 4)

V

L’elfe n’était pas revenu depuis 48 heures. En fait, c’est ce que pensaient les enfants mais ils n’en étaient pas certains. Ils savaient juste qu’ils ne l’avaient pas vu depuis deux jours. Mais, comme les elfes sont de vrais champions du camouflage, on ne pouvait pas savoir !

Le fait était qu’il ne faisait plus appel aux enfants très souvent. Il leur avait dit que c’était pour leur sécurité et, bien qu’ils se sentent frustrés de ne pas pouvoir participer activement à la défense de leur territoire les enfants préféraient effectivement se tenir à l’écart des batailles qui avaient lieu entre elfes et Orcs depuis la semaine précédente et cette première escarmouche nocturne qu’Evan avait racontée aux autres membres du gang avec énormément de détails (et peut-être même avec quelques inventions ou exagérations pour rendre le récit plus attrayant).

Maintenant qu’un passage avait été ouvert l’elfe, ainsi que les orcs semblaient circuler librement entre les deux mondes. Aujourd’hui Pendufiil leur avait présenté un autre elfe. Une elfe pour être précis, bien que la différence physiologique ne soit pas flagrante c’était bel et bien une fille. Les jumelles étaient contentes de voir que, chez les elfes, les filles faisaient aussi partie de la caste des guerrières.

Après tout, sur terre, on dit que la bêtise est humaine, pas qu’elle est spécifiquement masculine ! Il n’y a aucune raison pour que cela ne soit pas de même ailleurs.

Les enfants tenaient une réunion extraordinaire. Ils avaient, cette fois-ci, choisis de se réunir chez l’un d’eux. Evan avait été désigné par le groupe pour plusieurs raisons. La première, celle officielle, était parce que sa chambre était la seule qui permettait d’avoir une vue directe sur les lieux des affrontements. La seconde, celle officieuse, était que tous les membres du gang mourraient de curiosité de savoir comment était la maison d’Evan à l’intérieur. La famille d’avant avait une grande fille qui ne jouait pas avec eux. Une lycéenne plus intéressée par les garçons avec une voiture ou une moto que par le territoire qu’elle habitait. La traîtresse était même sortie avec un mec qui habitait rue des Orcs. D’ici à ce qu’elle n’ait été qu’une espionne il n’y avait pas loin. En plus la mère d’Evan avait joué du pinceau pendant des semaines alors cela valait certainement la peine d’être visité.

Il restait une raison pour la tenue de cette réunion dans une chambre. Les enfants n’étaient pas certains d’avoir envie d’être écoutés par un elfe ou, pire encore, par un orc.

-      La situation est grave ! Déclara Mathys une fois que chacun eut trouvé sa place sur un bout de lit, de coussin ou de parquet. Il avait certainement entendu cette phrase dans un film de guerre ou un dessin animé mais il la jouait bien, comme toutes les grandes phrases qu’il avait l’habitude de proclamer. Il finirait certainement acteur ou homme politique, bref un métier qui demande un grand talent de comédien et de la mémoire.

-      Pourquoi ? On a des elfes pour nous défendre. On risque rien !

-      Cathy tu ne comprends rien, tu n’es qu’une fille. Si les elfes perdent ont va avoir de gros problèmes. Il faut qu’on parle de tout ça aux adultes.

-      N’importe quoi. C’est pas parce que je suis une fille que je comprends rien…

-      C’est pourquoi alors ? Intervint Khalid sans se rendre compte (?) de ce qu’il venait de dire.

-      Comment tu veux qu’on annonce ça aux adultes ? Intervint Evan. Déjà qu’ils ne nous croient pas quand on leur dit que le gang de la rue d’en face est responsable pour toutes les bêtises qui sont faites dans le quartier alors si on va leur dire qu’on a fait de la magie et que des elfes sont venus nous voir on va les faire rire. Ou alors on va avoir droit à un psy pour enfant comme c’est arrivé à ma cousine Lisa parce qu’elle avait des trucs qui lui parlaient la nuit de sous son lit.

-      Elle était folle ta cousine ?

-      Non ! J’ai aussi entendu ces trucs parler.

-      T’es fou toi aussi !

-      Hé ! On n’est pas là pour discuter de ça. C’est sérieux.

-      Bon alors ? On le dit aux adultes ou pas ?

-      Moi je veux bien essayer mais ça va être compliqué. Mon père lit plein de livres sur les elfes et tout ça mais je ne sais pas s’il va me croire quand même.

-      Et si on demandait à Pendufiil de se présenter lui-même à nos parents pour leur expliquer ? Ils seront obligés de le croire s’il le voit pour de vrai.

-      Faudrait déjà que Pendufiil veuille bien nous parler à nous. Tu sais ou il est toi ?

-      Non

-      Quelqu’un a vu un elfe aujourd’hui ou hier ?

-      Non ! Répondirent-ils tous en cœur.

-      Alors on va d’abords chercher un elfe et lui expliquer.

-      Je sais comment faire !

-      Oui Emma. Comment faire ?

-      Mon chat déteste les elfes. Il suffit que je me promène avec lui dans les jardins pour savoir s’il y a un elfe dans le coin. Il se met à cracher quand il les sent.

-      T’es sûre qu’il ne crache pas parce que tu lui as mis des gants ou des bigoudis ?

Les jumelles prirent un air hautain de grandes dames outrées (c’était sûrement leurs rapports privilégiés avec la grande Bretagne qui leur donnait cette capacité !) Puis se levèrent dignement en annonçant que, elles, elles allaient les trouver les elfes et qu’après personne n’aurait plus le droit de leur faire de remarques sur la façon dont elles traitaient leur chat.

Le chat ne leur échappa que quinze minutes. Il avait pourtant trouvé une bonne cachette cette fois. Il était dans le garage sur le tas de sacs en papier qui servent à jeter le gazon coupé. Il s’était donné du mal pour la trouver celle-ci. Encore raté !

Les jumelles commencèrent donc leur inspection des jardins, suivies de près par tout le reste de la bande. Le chat se plaignait régulièrement mais rien de très violent. Il avait appris à prendre son mal en patience et se contenter de somnoler en attendant que ça passe. Pour l’honneur, il protestait quand même un peu de temps en temps, parfaitement conscient de l’inutilité de ce comportement.

C’est dans le jardin de Khalid qu’il commença à s’agiter vraiment. En approchant de la cabane du fond Emma dû le lâcher pour éviter de se faire griffer.

Le chat avait raison. Trois elfes semblaient tenir conseil derrière la cabane. Enfin, deux discutaient et le troisième somnolait.

-      Bienvenue les enfants ! Leur dit Pendufiil lorsque Khalid franchit en premier la barrière de troènes.

Les enfants constatèrent que les elfes devaient passer beaucoup de temps ici car les lieux avaient beaucoup changé en quelques jours. Les plantes qui protégeaient l’endroit des regards indiscrets étaient beaucoup plus touffues. Sur le sol un beau gazon bien épais avait poussé, formant une moquette épaisse et agréable pour ceux qui s’y assoient.

-      Vous avez quelque chose à nous dire.

-      Oui.

-      On est inquiets.

-      Pourquoi ?

-      La bataille contre les orcs a l’air dangereuse.

-      La bataille contre les orcs n’a pas commencé petit ! Intervint le troisième elfe qu’ils ne connaissaient pas.

-      Ayanduul a raison. Ils sont comme nous en ce moment. Ils cherchent à reconnaître les lieux pour établir des camps avancés. Ils ne vont pas passer à l’attaque avant plusieurs semaines.

-      C’est combien plusieurs semaines ?

-      Quatre ou cinq je pense. Ils sont toujours très longs. Nous les elfes pouvons être prêts en moins d’une nuit mais eux n’ont pas notre organisation et notre intelligence.

-      Et c’est quoi cette bataille qui n’a pas encore commencé ?

-      Des centaines d’elfes et des milliers d’orcs qui s’affrontent. Comme dans toutes les batailles.

-      Et vous allez gagner ?

-      Oui, probablement ! Nous sommes très nettement supérieurs à ces pauvres créatures !

-      Alors pourquoi il y a encore des orcs si à chaque fois vous les massacrez ?

-      Dans notre monde le bien et le mal sont partout mais pas dans les mêmes proportions et pas de la même façon. Dans le sol, le bien est surtout présent en surface. Il permet aux plantes de pousser. Plus profondément le mal est en plus grande quantité. Au fond la terre est très chaude et elle engendre en permanence des hordes de créatures toutes plus ignobles les unes que les autres. Les orcs sont les plus évolués d’entre elles. Nous les elfes venons de l’air où le bien et le beau sont majoritaires. Quand l’homme vivait dans notre monde il était toujours en équilibre entre les deux, tantôt bon, tantôt mauvais. C’est parce qu’il respirait le même air que nous mais buvait de l’eau qu’il tirait de puits profonds que les terres du mal avaient souillés. Nous, elfes, ne buvons que l’eau des rivières et l’eau de pluie pour éviter d’être trop souvent en contact avec le mal. Tu vois, il y aura des orcs tant qu’il y aura de la terre et des elfes tant qu’il y aura de l’air. Mais l’air sera toujours au-dessus de la terre.

Les enfants ne comprenaient pas grand chose à cette nouvelle grande rasade de philosophie. Ils avaient juste compris que début septembre, pendant la rentrée des classes, il allait y avoir une grande bataille. Ce sera difficile de passer inaperçu à ce moment là. Même pour les elfes.

-      Ce qui nous inquiète c’est qu’on voudrait prévenir les adultes avant la bataille. Sinon ça va mal se passer ce jour là. Ou avant si l’un d’eux vous découvre avant qu’on leur explique.

Les trois elfes sourirent. Ils rirent presque même.

-      Aucun risque ! Les adultes sont incapables de nous voir. Pour l’instant en tout cas. Si nous arrivons à vaincre les orcs et à les éliminer définitivement de cette région peut-être pourrons nous revenir.

-      Alors. Si personne peut vous voir pourquoi vous vous cachez et pourquoi vous vous battez que la nuit.

-      Ils ne peuvent pas nous voir mais comme nous sommes quand même là ils peuvent voir les effets de notre présence. Si je casse un vase en me promenant chez toi ta mère verra bien le vase cassé. C’est pour ça que nous nous déplaçons avec autant de précautions. Si je traversais une terrasse en plein jour devant des adultes ils verraient probablement les traces de mes pas sur le sol.

-      Quand nous passons au milieu des feuillages ils croient voir des courants d’air mais du gazon écrasé par des courants d’air c’est plus difficile à croire.

-      Les orcs eux peuvent se déplacer sous le sol car ils sont en terre. C’est plus facile pour eux. Leur camp de base est à coté du saule que vous voyez depuis l’entrée de la rue.

-      Celui que les jardiniers de la ville sont venus voir hier ?

-      Oui. La présence des orcs près de ses racines a rendu l’arbre malade.

-      Alors qu’est ce que vous allez faire maintenant.

-      Attendre que tous les enfants de votre gang soient rentrés et vous apprendre tout ce que vous aurez besoin de savoir pour le jour de la bataille !

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